Vaccin H1N1 : l’ère des apprentis sorciers?

PAR SYLVIE SIMON

Le Pr Bruno Lina, à la fois conseiller de Margaret Chan et de Roselyne Bachelot pour notre dernière « pandémie » devrait raser les murs, car il porte une grande part de responsabilité dans la faillite monumentale de cette vaccination. Lui qui prétend être resté « indépendant » en matière de stratégie, alors qu’il préside le Comité scientifique du Geig (Groupe d’expertise et d’information sur la grippe) financé à 100 % par cinq laboratoires pharmaceutiques fabricants des vaccins contre la grippe, reprend la vedette sans aucune gêne.

Il vient de se lancer dans une expérimentation follement dangereuse, celle de croiser le virus H1N1 de la grippe porcine et celui du H5N1 de la grippe aviaire. Le premier est très contagieux mais peu mortel tandis que le second est moins contagieux, mais souvent fatal. L’expérience, qui va coûter provisoirement 200 000 euros — après cette gabegie nous ne sommes plus à quelques euros près — a officiellement pour but d’anticiper une éventuelle mutation des deux virus. « On essaie de comprendre, en infectant une cellule avec ces deux virus, quels sont les déterminants génétiques qui leur permettraient d’échanger leurs gènes ». Ce mélange de souches, appelé réassortiment, est l’une des deux manières de créer un « vrai virus pandémique », bien plus dangereux que la gripette qui a effrayé certains d’entre nous car ce virus hybride pourrait se propager facilement d’un humain à un autre.

Le laboratoire P4 de Lyon, le seul en France de très haute sécurité, est le théâtre de cette expérience, menée par trois biologistes assistés par une demi-douzaine de techniciens, et avalisée par le ministère de la Santé. Bruno Lina nous rassure : « Toutes les manipulations se font en scaphandre et obéissent à des règlements très contraignants ».

Cela nous rappelle qu’au milieu des années 1990, un fou dangereux, le Dr Jeffrey Taubenberger de l’Institut de pathologie de l’armée des États-Unis à Washington, a réussi à récupérer et à séquencer les fragments d’ARN viral à partir de tissus préservés de victimes de 1918, malgré la nature dangereuse du virus, dont le génome avait complètement disparu de la face de la planète jusqu’à cette résurrection. Le 21 mars 1997, le Dr Taubenberger publiait dans Science Magazine Report un rapport selon lequel le virus de cette pandémie était un nouveau virus porcin, recombiné dans la structure même de leur ARN avec des fragments de virus aviaire (H5N1) et humain (H3N2).

D’autre part, lorsqu’on sait que le laboratoire Baxter, qui a adhéré au BSL3 (Biosafety Level 3), un ensemble de protocoles de sécurité destinés à éviter la contamination par croisement viral, a perdu le contrôle d’un virus considéré comme l’une des plus grandes menaces de pandémie et qu’il a introduit « par accident » les deux virus H5N1 et H3N2, dans le matériel vaccinal, on ne peut que trembler. Des spécialistes en biosécurité s’étaient alors montrés fort préoccupés par ce mélange de virus « qui aurait pu mener à des conséquences désastreuses et devrait être interdit ». Mais ce comportement, qu’il soit criminel ou accidentel, n’a pas empêché nombre de gouvernements de commander à ce laboratoire inconscient des doses de vaccins.

Aussi, à l’automne, sans être devin, il est facile de savoir ce qui va se passer. Une nouvelle fois, quoi qu’il arrive, la panique sera au programme et les gogos feront la queue pour se faire vacciner. De toute manière, il est déjà prévu d’inclure l’actuel vaccin H1N1 dans le nouveau vaccin grippal annuel afin de faire disparaître une toute petite partie des doses que nous n’aurons pas réussi à fourguer à nos citoyens, ni à ceux des pays déshérités, nous pouvons rester optimiste. En revanche, étant donné que, Bruno Lina a déclaré après la pandémie : « C’est une certitude, il y aura bien une nouvelle vague épidémique l’hiver prochain », et a ajouté que le virus aviaire H5N1 « semble un peu reprendre du poil de la bête », serait-il en train de l’aider à se fortifier ?

Sylvie Simon

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