Des réunions confidentielles pour nous faire avaler les OGM…

Voici un article particulièrement inquiétant
et visiblement bien informé

à rapprocher de la dépêche AFP ci-dessous…

Article de The Independant, paru dimanche 26 octobre,
sous la plume de Geoffrey Lean

http://www.independent.co.uk/environment/green-living/europes-secret-plan-to-boost-gm-crop-production-973834.html

traduit par Alterinfo :

« Des documents confidentiels obtenus par The Independent on Sunday révélent que Gordon Brown et d’autres dirigeants européens préparent secrètement une campagne sans précédent pour propager les cultures et les aliments génétiquement modifiées en Grande-Bretagne et sur l’ensemble du continent.

Ces documents, qui sont les minutes d’une série de réunions privées des représentants des 27 gouvernements, dévoilent des plans pour « activer » l’introduction des cultures et des aliments modifiés et « s’occuper » de la résistance du public contre eux.

Et ils montrent que les dirigeants veulent que des « représentants agricoles » et des « industrie, » y compris vraisemblablement des compagnies géantes de biotechnologie comme Monsanto, se fassent entendre pour contrecarrer les « intérêts » des écologistes.

La nouvelle de plans secrets doit forcément créer une tempête de protestations au moment où les préoccupations populaires au sujet de la technologie GM augmentent, même dans les pays qui l’ont jusqu’à présent acceptée.

L’opposition du public empêche toute culture modifiée en Grande-Bretagne. La France, l’un des trois seuls pays européen à les avoir fait pousser en quantité, a suspendu leur culture et la résistance contre les OGM augmente rapidement en Espagne et au Portugal.

Harcelée, l’industrie de la biotechnologie a mené une campagne de relations publiques établie basée sur l’argument, très contesté, selon lequel la modification génétique serait nécessaire pour nourrir le monde. Elle a eu un certain succès auprès des gouvernements, où les ministres s’expriment de plus en plus en faveur de la technologie, et à la Commission européenne, qui s’est vantée d’avoir « d’excellentes relations de travail » avec les lobbyistes des OGM.

Des réunions secrètes ont été convoquées par José Manuel Barroso, le président de la Commission favorable aux OGM, et présidées par son chef de cabinet, Joao Vale de Almeida. Les premiers ministres de chacun des 27 membres de l’Union européenne ont été invités à désigner un représentant spécial.

Ni la composition du groupe, ni ses objectifs, ni le résultat de ses réunions n’ont été rendus publics. Mais l’Independent a obtenu des documents confidentiels écrits par le président, notamment la liste de l’assistance et les conclusions des deux réunions tenues à ce jour, le 17 Juillet et il y a juste deux semaines, le 10 octobre.

La liste montre que le Président français Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, la Chancelière de l’Allemagne, ont envoyé de proches collaborateurs. La Grande-Bretagne était représentée par Sonia Phippard, directeur pour l’alimentation et l’agriculture au Ministère de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales.

Les conclusions révèlent que les discussions tournaient surtout autour de la façon d’accélérer l’introduction des cultures et de la nourriture génétiquement modifiées et de persuader le public de les accepter.

Les produits modifiés doivent être approuvés par l’UE avant qu’ils ne puissent être semées ou vendus quelque part en Europe. Mais, bien que les fonctionnaires de la Commission soient en général très favorables, les gouvernements européens sont divisés, ce qui a conduit dans l’impasse le Conseil des ministres où ils étaient représentés.

Dans ce cas, les bureaucrates de la Commission font le forcing. Ils sont légalement autorisés à le faire, mais les gouvernements et les groupes environnementaux qui rejetaient les OGM ne sont pas satisfaits.

Les conclusions de la première réunion demandaient « l’accélération de la procédure d’autorisation fondée sur de solides évaluations de manière à rassurer le public, » tandis que la seconde rajoutait : « Des décisions pouvant être prises rapidement sans compromettre la sécurité. »

Mais les documents font aussi comprendre que M. Barroso va au-delà de la simple exhortation, essayant d’obtenir des premiers ministres qu’ils rejettent leurs propres ministères de l’Agriculture et de l’Environnement en faveur des OGM. Ils signalent que le président « a rappelé l’importance pour les premiers ministres de considérer la situation plus largement. Invite les participants à rapporter les débats du groupe à leur chef de gouvernement, et à souligner l’importance d’attirer leur attention sur les discussions en cours au Conseil des ministres. »

Helen Holder des Amis de la Terre Europe, a déclaré : « Le but de Barroso est d’obtenir aussi vite que possible des OGM en Europe. Alors, il va droit aux premiers ministres et présidents pour leur dire de pousser leurs ministres et de les faire rentrer dans les rangs. »

Les conclusions des réunions sur l’opposition du public sont encore plus incendiaires. Les documents considèrent « la meilleure façon de s’occuper de l’opinion publique » et demandent « un dialogue sans émotion, basé sur le fait des normes élevées de la politique de l’UE envers les OGM. » Et ils notent l’emphase du président sur « le rôle de l’industrie, des partenaires économiques et de la science pour contribuer activement à ce dialogue. » Le président rajoute que, « le public se sent mal informé » et « les représentants agricoles devraient se faire entendre plus souvent. » Et dans une attaque dissimulée contre les groupes écologistes, il dit que le débat « ne doit pas être abandonné à certaines personnes qui n’ont qu’un droit légitime sans aucun intérêt matériel en cela. »

Une semaine plus tard, dépêche AFP qui semble alimenter le point de vue The Independant :

ROME, 31 oct 2008 (AFP) – L’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), basée à Parme (nord de l’Italie), a estimé vendredi que la clause de sauvegarde invoquée par la France pour suspendre la culture du maïs génétiquement modifié OGM MON810 n’était pas justifiée.

« Après avoir analysé les informations fournies par la France pour justifier sa clause de sauvegarde », l’EFSA a conclu que ces documents « ne présentent pas, en termes de risques pour la santé humaine et animale ou l’environnement, de nouvelles preuves scientifiques » sur un éventuel danger que ce maïs présenterait, indique un communiqué.

« Aucune preuve scientifique spécifique n’a donc été avancée, en termes de risques pour la santé humaine et animale ou l’environnement, pour justifier l’invocation de la clause de sauvegarde », conclu le communiqué.

La France avait déposé à la Commission européenne en février une « clause de sauvegarde » lui permettant de suspendre la culture du maïs OGM MON810 et Bruxelles avait demandé le même mois un avis à l’EFSA sur les mesures françaises.

VOICI LES TRADUCTIONS DES REUNIONS CONFIDENTIELLES DESIGNEES PLUS HAUT

Le CR du 17 juillet, (le plus important):

« Concernant le cadre législatif, il a noté l’accord de ne pas changer le cadre existant mais de chercher à améliorer notablement la gestion en ce qui concerne l’accélération du processus d’autorisation basé sur des évaluations robustes de façon à rassurer le public. Un large consensus existe aussi sur la nécessité de renforcer l’EFSA, un organisme pour lequel n’existe aucune alternative, et d’examiner aussi une certaine portée pour les éléments de subsidiarité lesquels toutefois doivent (devaient ?) respecter les règles du marché interne. De plus, le président a noté la nécessité de mieux synchroniser les autorisations avec les partenaires commerciaux tiers. »

« Sur la question de l’augmentation des prix des denrées alimentaires, le président a conclu que le groupe reconnaît la nécessité de garder un oeil sur les dévelopements futurs étant donné les risques politiques potentiels pour tous les leaders. Toutefois, plus le processus d’autorisation est accéléré et amélioré et mieux l’Union pourra faire face à ce problème. Dans tous les cas, les inquiétudes sur les prix ne doivent pas supplanter l’approche basée sur la science ni diminuer la pertinence d’une évaluation basée strictement sur la science, celle ci étant cruciale pour assurer la confiance du consommateur. l’augmentation des prix des denrées alimentaires réclame un rôle nouveau de la technologie, de la science et de la recherche. L’UE a la connaissance et la capacité de demeurer leader pour aider le monde à se nourrir. »

« En ce qui concerne le panel de l’OMC, le président a noté la suggestion avancée par des délégués d’approcher les USA et d’expliquer l’approche de l’UE. Il a plus tard rappelé la position exprimée largement selon laquelle des sanctions seraient contre-productives et contraires aux intérêts mutuels. La lenteur du processus est toutefois perçue comme la cause profonde. L’UE doit donner des signaux clairs pour montrer qu’elle veut et qu’elle est capable de décider et est perçue comme active et efficace, tout en demeurant bien sûr fermement basée sur une approche scientifique. »

 » Au sujet de la perception du consommateur, le président a pointé les exemples nationaux donnés par certains délégués sur comment gérer au mieux l’opinion publique et il a été admis que les campagnes selon l’approche top-down (haut en bas) ne sont pas la meilleure façon de gérer cela. Il a invité les délégués à partager largement leur expérience en engageant un dialogue sans émotions, factuel, sur les critères de haut niveau de la politique OGM de l’UE. Il a vu le mérite des exemples fournis pour ouvrir un dialogue informel avec les acteurs et a mis en exergue le rôle de ‘lindustrie, des partenaires scientifiques et économiques pour contribuer activement à un tel dialogue. »

(..)

Idées retenues pour la prochaine réunion:

– Comment, d’un point de vue pratique, l’EFSA peut elle être le mieux soutenue (..) et comment mobiliser un tel soutien ?

– « Comment approcher, d’un point de vue politique -et non technique- le problème des lacunes dans la procédure d’autorisation concernant les seuils et les autorisations asynchrones ? »

– « Garder un oeil sur l’opinion publique : comment partager le mieux les expériences nationales sur le dialogue avec les acteurs et comment porter cela, si nécessaire, au niveau européen ? »

« Le président a clos la rencontre en accentuant une fois encore la nécessité de donner aux leaders une vision globale. Il a souligné la coopération excellente avec la Présidence Française sur ce dossier. Il a aussi rappelé l’intention de donner au Président de la Commission Européenne, sur la base du travail de ce groupe, une image globale d’où se trouve l’UE sur les OGM et comment il pourrait continuer la discussion avec ses pairs politiques. »

Réunion du 10 octobre: (traduction intégrale)

« Sur les importations d’aliments GM (humains et animaux) : la vision majoritaire (avec quelques nuances) est que le décalage dans les autorisations entre l’UE et les autres pays représente une menace pour l’agriculture de l’UE, et que cet impact doit être inclus comme facteur dans la discussion en cours (en particulier dans le Conseil). De plus,

1. Dans les règles en vigueur qui doivent être maintenues et respectées il y a un besoin d’accélérer les procédures. Concernant cela, il y a beaucoup de choses que la Commission et les Etats membres peuvent faire pour assister l’application de la législation existante.

2. Il y a une large confirmation de la confiance en l’EFSA et en une approche basée sur la science qui doit rester la base du processus de prise de décision de l’UE.

3. La Commission doit continuer à travailler sur des solutions techniques possibles pour la présence de niveaux faibles d’OGM non autorisés dans les importations de denrées pour l’alimentations humaine ou animale. Il existe différentes vues sur la façon dont cela peut être accompli.

4. Différentes études ont été lancées par différents Etats Membres. Ces initiatives sont bienvenues. Les résultats doivent être partagés entre les Etats Membres. Les autres Etats Membres sont encouragés à mener leurs propres études sur le problème des importations de denrées alimentaires GM pour les humains ou les animaux.

5. Concernant la nécessité d’une évaluation socio-économique dans l’autorisation des OGM, le président a noté qu’il y a des opinions différentes. Il a exprimé des doutes sur le mérite et la faisabilité de développer une méthodologie standard au niveau européen, et a considéré que les évaluations scientifiques devraient demeurer l’élément clé pour prendre des décisions fondées. Le président a clairement stipulé que toute discussion de l’inclusion de l’évaluation socio-économique dans le processus d’autorisation ne doit pas compliquer le processus de prise de décision ou résulter en des retards supplémentaires.
Sur la culture: La prodédure d’autorisation en place doit être appliquée correctement – les décisions pourraient être prises plus rapidement sans compromettre la sécurité. Sur la base du cas par cas, une attention spéciale doit être portée à la protection de la biodiversité: ceci ne devrait pas requérir l’établissement d’un cadre communautaire. Le président s’est reféré à la croissance de 21% dans la culture des OGM en 2007 qui a illustré l’intérêt croissant pour l’utilisation des OGM dans l’UE.

Sur l’opinion publique: le président a noté que le public se sent mal informé sur les OGM. Il a senti qu’il y a besoin d’élargir le débat et d’inclure d’autres acteurs: les représentants de l’agriculture doivent devenir plus audibles.

Les débats doivent être approfondis -les études actuellement en cours doivent être utilisées pour des débats plus informés. Il ne devrait pas être laissé à certains acteurs qui ont un intérêt légitime mais matériel. Concernant une stratégie à long terme sur la communication publique au niveau de l’UE, la Commission va réfléchir à cela.

Conclusions politiques:

Le président a informé les participants que cette rencontre concluait un premier cycle. Il rapportera maintenant au Président en suivant les lignes suivantes:
· L’Europe a la législation la plus stricte sur les OGM dans le monde. Mais l’UE n’utilise pas à plein son avantage.
· Il a noté que les visions exprimées pendant la rencontre n’étaient pas pleinement en accord avec la tendance de vote dans le comité de régulation et dans le Conseil.

· Il est nécessaire de réfléchir à ces deux problèmes au niveau des Premiers Ministres

Il a invité les participants à rapporter les discussions du groupe aux chefs de leur gouvernement et a accentué l’importance d’attirer leur attention sur les discussions en cours au sein du Conseil (en particulier le débat à venir sur les OGM lors du Conseil de l’Environnement informel du 20 octobre et les conclusions du Conseil de l’Environnement des 4 et 5 décembre) de façon à avoir un débat plus riche. Il a rappelé l’importance, pour les Premiers Ministres, d’avoir une vision plus large.

Le président a clos la séance en informant les participants qu’il les contactera, ainsi que ses collègues des cabinets des Chefs de Gouvernement, probablement en novembre pour les informer de la manière dont la Commission compte procéder. »

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