Depuis le 17 juin 2020, le déconfinement a commencé dans les Ehpad de France et autres établissement pour personnes âgées. Dans le cadre de la gestion de l’épidémie de coronavirus, ils ont été confinés bien avant les autres citoyens, déconfinés bien après. Les aînés ont été touchés plus durement par la restriction de leurs libertés. Les personnels ont aussi été particulièrement éprouvés par des sacrifices demandés au nom de la protection sanitaire mais… sans moyens supplémentaires.
Le confinement prolongé dans les Ehpad (toujours à l’œuvre par endroit malgré les annonces d’assouplissement) soulève un problème éthique, que n’ont pas manqué de pointer plusieurs associations, évoquant une forme de maltraitance.
Je vous invite à lire mon article pour France Soir, qui revient sur ces 3 mois de gestion de crise dans les Ehpad : les Ehpad en déconfinement conditionnel.
Des moyens insuffisants au regard des efforts demandés
Alors que l’Etat se félicite d’avoir bien protégé les aînés, on constate que beaucoup d’établissements pour personnes âgées ont tourné avec des effectifs très limites pendant toute la période de confinement (mais aussi avant et après, ce qui témoigne d’un problème chronique de dotation de moyens).
Un exemple est celui de l’EHPAD de Carsac-Aillac, en Dordogne, où deux infirmières à temps plein et une à mi-temps se relayent auprès des 105 résidents. Pas de congés, des journées éprouvantes et pas de vacances d’été programmées… Ces infirmières témoignent de leur épuisement (voir cette entretien au micro de France 3 région).
Les syndicats Force ouvrière et CGT alertent sur une situation qui ne permet plus d’assurer, selon eux, la sécurité des personnels et des personnes prises en charge car il faudrait 6 postes d’infirmières pour assurer une rotation convenable. Ces postes sont pourtant budgétisés mais le recrutement n’est pas au rendez-vous… Une nouvelle mobilisation était prévu mardi 30 juin.
Cet établissement, comme d’autres, fonctionne en flux tendu. Au niveau national, les syndicats demandent la création de 200.000 emplois supplémentaires dans les Ehpad.
« Un système à bout de souffle »
L’association AD-PA (qui rassemble les directeurs d’établissements pour personnes âgées) dénonce également ce manque de dotation chronique (voir ce dossier complet à télécharger) :
« Le rapport de l’OCDE du 22 juin 2020 tire le signal d’alarme en précisant que la France dispose de 2,3 professionnels pour 100 personnes âgées de plus de 65 ans, contre 5 professionnels pour 100 en moyenne dans 28 autres pays. » L’association décrit par ailleurs « Un système à bout de souffle par manque d’ambitions politiques et éthiques ». Elle plaide pour une « représentation citoyenne des personnes âgées vulnérables au plan national et local » et pour un plan de « revalorisations des carrières et salariales ».
Reconfinement : une épée de Damoclès et une question d’éthique
Les aînés pourraient être de nouveau les premiers reconfinés au moindre signe de coronavirus, grippe, ou pneumonie… Cette acceptation sociétale du confinement des aînés sur un temps beaucoup plus long que le reste de la population et par ailleurs dans des conditions de prise en charge insuffisantes pose question. Comment sera gérée la prochaine épidémie de grippe saisonnière ? Les moyens de prise en charge seront-ils cette fois vraiment à la hauteur? Les prochains mois seront révélateur du niveau accordé à la liberté et à la sécurité dans les Ehpad.
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Mots-clefs : aînés, confinement, Ehpad, éthique, france soir