Ces épidémies bien plus graves liées aux perturbateurs endocriniens. L’enquête choc de Corinne Lalo

Par Pryska Ducoeurjoly, pour la revue Néo Santé novembre 2021

“Le grand désordre hormonal”, paru en octobre 2021, est un électrochoc. La journaliste indépendante Corinne Lalo, livre une synthèse scientifique magistrale mais aussi un cri d’alarme. Les points-clés de cette interview reproduite avec l’aimable autorisation de Néo Santé :

Corinne Lalo révèle que les toxiques hormonaux se cachent dans la majorité de nos médicaments, comme le paracétamol consommé par 70% des femmes enceintes.

Les maladies générées par les toxiques hormonaux sont plus nombreuses qu’on ne le pensait : allergies, obésité, thyroïdites, cancers, malformations cérébrales ou génitales, et enfin troubles de la différenciation sexuelle. L’autisme serait aussi en grande partie dû à une matrice utérine polluée

Le phénomène transgenre, que veut « normaliser » la théorie du genre, pourrait aussi résulter d’anomalies provoquées par la pollution chimique au stade fœtal.

Alors que les autorités sanitaires brillent par leur rassurisme au sujet des perturbateurs endocriniens, elles focalisent toute l’attention sur une épidémie de covid dérisoire à côté de cette pollution organisée. On s’empoisonne donc sans le savoir…

Si rien n’est fait, nous filons tout droit vers l’infertilité de masse. La reproduction sexuée, telle qu’on la conçoit de nos jours, risque de disparaître au profit de techniques artificielles.

Entretien avec une journaliste d’investigation aguerrie contre la désinformation chronique.

À propos de Corinne Lalo. Journaliste indépendante spécialisée sur les questions de santé et d’environnement, elle est co-auteure de deux autres ouvrages « Le livre noir du médicament » et « Se soigner sans médicament de A à Z ». L’ensemble des conclusions sur les perturbateurs endocriniens contenues dans son nouveau livre, « Le grand désordre hormonal », paru mi-octobre 2021 au Cherche-Midi, en fait un ouvrage d’utilité publique à se procurer d’urgence.

NéoSanté. Dans “Le Grand Désordre hormonal”, nous allons de révélations en révélations à travers les conclusions des différentes études scientifiques que vous avez documentées. Pourquoi ce livre était-il nécessaire ?

Corinne Lalo. Après 35 ans d’enquêtes sur de nombreux sujets environnementaux, comme le nuage de Tchernobyl, le sang contaminé, l’affaire du Mediator, l’impact des pesticides et autres sujets majeurs de santé publique, j’ai accumulé énormément d’informations sur la pollution chimique, qu’elle soit environnementale ou médicamenteuse. Petit à petit, j’ai compris que la destruction progressive des êtres vivants s’effectuait principalement par la perturbation de leur système hormonal. Il m’a paru absolument prioritaire de rassembler mes investigations et d’aller plus loin encore, en reliant un maximum d’études, des plus anciennes aux plus récentes. Je souhaitais que le grand public puisse prendre la mesure du désastre auquel nous faisons face.

Car c’est effectivement un désastre ! Beaucoup de scientifiques effectuent des travaux pointus et cherchent à nous alerter depuis 70 ans, mais s’ils sont pointus dans leurs domaines, ils ne peuvent prendre le temps de produire une vision globale de l’état actuel de la science. C’est un travail de journaliste. Et je dois avouer que ce fut un immense travail pour parvenir à décrire ce « grand désordre hormonal » à travers une synthèse scientifique et pédagogique accessible au grand public. À ma connaissance, cette synthèse n’était pas disponible jusqu’à présent.

Les 6 familles toxiques hormonaux
Baptisés « 6 P » – « P » pour « poisons ». Ce sont toujours les mêmes à la manœuvre dans les nombreux dysfonctionnements et maladies décrits dans l’ouvrage. Ils sont tous issus de la pétrochimie. Beaucoup sont composés à partir d’une molécule de base, le benzène.
Les pesticides (les phytosanitaires), les plastifiants (phtalates et bisphénol A), les produits pharmaceutiques (médicaments et additifs alimentaires), les perfluorés, les parabènes et les polybromés. Les plus directement en cause dans ce « krach du sperme », comme l’ont baptisé Pierre Dutertre et Gérald Messadié,[1] sont les pesticides et les plastifiants.

C’est une synthèse réussie, mais… terrifiante !  Le dérèglement hormonal général que vous décrivez est bien plus menaçant et actuel que le dérèglement climatique… Pourquoi l’équilibre du système hormonal est si important pour la survie des espèces?

Le système hormonal est réellement le chef d’orchestre de l’homéostasie, une notion-clé qui désigne cet équilibre en mouvement qui caractérise toute vie sur Terre. Le système hormonal par le biais de réglages très fins, passe son temps à rétablir nos constantes biologiques vitales : température, pH sanguin, taux de glycémie, la tension artérielle, reproduction, etc. L’hypothalamus en est le chef d’orchestre. Cette glande est au centre de presque toutes les fonctions de l’organisme par le biais de différents axes de régulation et de systèmes de rétroaction. Il est au carrefour du système nerveux et hormonal avec ses neurohormones qui agissent à distance sur des cellules cibles à travers les récepteurs hormonaux. Quand l’hypothalamus ne peut plus correctement faire son travail parce que des polluants chimiques synthétiques squattent des récepteurs ou miment les hormones messagères avec lesquels il est en communication, c’est tout le système hormonal qui est perturbé.

Le système hormonal contrôle aussi les systèmes nerveux et immunitaire. Pourquoi est-ce si inquiétant ?

L’imbrication de ces trois systèmes est une certitude démontrée par des scientifiques qualifiés.  Ce n’est pas une vue de l’esprit : lorsqu’on touche au système hormonal, on touche aussi aux systèmes nerveux et immunitaire. Quand l’équilibre et l’ordre du système hormonal sont rompus, le désordre biologique qui en résulte se traduit par l’apparition de maladies. La désorganisation de l’homéostasie, induite par une pollution chimique massive, altère ainsi des fonctions capitales vitales :

– la reproduction et l’activité sexuelle (avec, pour conséquence, l’infertilité, les troubles de l’orientation et de la différenciation sexuelles),

– la multiplication et la spécialisation des cellules (cancers),

– l’équilibre énergétique et glucidique (thyroïdites, diabète, obésité),

– le fonctionnement du système nerveux (autisme, dépression, diminution du QI),

– le fonctionnement du système immunitaire (allergies, asthme, susceptibilité aux infections), etc.

Une quantité de maladies dites de civilisation, en apparence sans lien avec le système hormonal, sont donc finalement induites par la pollution des perturbateurs endocriniens?

Ce fait est dramatiquement sous-estimé par les autorités sanitaires. Les toxiques hormonaux peuvent créer le diabète, l’obésité, les maladies de la thyroïde, les leucémies, l’asthme, les allergies, les troubles comportementaux ou du développement cérébral des enfants… Cette réalité est ignorée du grand public qui n’a pas encore pris conscience des dégâts épidémiques que cause cette pollution. Cela a été une découverte pour moi aussi. Au départ, je n’imaginais pas faire un chapitre complet sur l’asthme et les allergies. J’ai aussi dû rajouter un chapitre sur l’autisme. De même pour les troubles de la thyroïde dont souffrent 3 millions de personnes en France. Les problèmes de thyroïde m’ont malheureusement entraînée sur la piste de l’autisme.

Les reportages que j’ai réalisés avec Barbara Demeneix, du Museum d’histoire naturelle, sont particulièrement édifiants. La biologiste spécialiste en endocrinologie a pu montrer grâce à des têtards rendus fluorescents[2] que des polluants chimiques courants dans le liquide amniotique des femmes enceintes peuvent occuper la place de l’hormone thyroïdienne dans la glande thyroïde, et ainsi empêcher cette dernière de réaliser le développement normal du cerveau du fœtus. Ces toxiques, le plus souvent des pesticides, peuvent dérégler l’action de la thyroïde parce que leur structure ressemble beaucoup à l’hormone thyroïdienne naturelle ; celle-ci est exactement la même chez l’humain et chez le têtard.

L’autisme serait donc en grande partie dû à une matrice utérine polluée, dans laquelle baigne le fœtus pendant neuf mois?

On sait que le cordon ombilical peut contenir jusqu’à 200 polluants[3]. Les phtalates représentent un danger dans le développement du fœtus en général et dans l’autisme en particulier. Une étude suédoise a découvert par hasard que les parents dont le sol de la chambre à coucher est recouvert de PVC (le fameux lino, rempli de phtalates) courent un risque plus élevé d’avoir des enfants autistes. Une association a également été retrouvée entre l’autisme et une exposition à des polluants chimiques comme le bisphénol A (BPA), certains pesticides et des polluants toxiques de l’air. Les enfants autistes affichent un taux de bisphénol A significativement supérieur à celui des enfants en bonne santé, et parallèlement moins d’hormones sexuelles dans le sang. Pour les déficits de l’attention, un lien a été trouvé avec l’exposition aux PCB, à certains pesticides, au BPA, aux composés polybromés et aux phtalates.

Les perturbateurs hormonaux se cachent aussi dans de nombreux médicaments et ne sont pas étrangers à l’autisme d’origine fœtale. Par exemple, la fluoxétine (Prozac et génériques) a montré un risque d’autisme multiplié par deux chez les enfants nés de mères qui avaient consommé ces médicaments pendant la grossesse. Les fœtus exposés courent également un risque de malformation des valves cardiaques avec cette famille de médicaments au fluor. Le célèbre Mediator, lui aussi au fluor, ciblait les mêmes récepteurs de la sérotonine.

Vous évoquez aussi la contamination métaux lourds dès la prime enfance qui vient charger la barque. La vaccination, c’est une des causes de l’autisme ?

Quand les enfants autistes deviennent 100 fois plus nombreux en 50 ans, cela mérite bien que l’on se pose la question. De 1 enfant touché sur 5 000 en 1975 nous sommes maintenant à 1 sur 54 en 2020. Le mot « épidémie », voire de « pandémie », n’est pas excessif pour décrire ce phénomène qui touche le monde entier.

Courbe de l’incidence de l’autisme (D’après Karen Weintraub, « The Prevalence Puzzle : Autism Counts », Nature, 479). Source Le Grand Désordre hormonal.

Outre le bain toxique du placenta susceptible d’entrainer un retard de développement cérébral,  800 000 bébés sont vaccinés en routine chaque année en France avec des vaccins contenant de l’aluminium. De plus, le nombre de vaccins obligatoires du nourrisson a été multiplié par près de quatre en 2018, passant de trois à onze. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a expliqué dans les médias vouloir ainsi « rétablir la confiance par la contrainte ». Les doses cumulées sur les dix-huit premiers mois de vie s’élèvent à 3,835 mg d’aluminium au total, ce qui est énorme.

Or, c’est la période cruciale pour le développement du cerveau : son taux de croissance est plus important dans la période postnatale que dans la période anténatale. À la naissance, le cerveau du bébé atteint 25,6 % de la taille adulte, et 50 % dans les six premiers mois de sa vie.

Que l’aluminium se retrouve bien dans le cerveau, le chercheur anglais Christopher Exley l’a mesuré lui-même. Dans une première mondiale publiée en 2017, il a analysé les tissus de cerveaux d’adolescents décédés avec un diagnostic d’autisme. Il y a trouvé des quantités d’aluminium « extraordinairement élevées ». Un autre scientifique espagnol, le Dr Lluís Luján, vétérinaire et spécialiste des pathologies du mouton, a publié en 2019 une étude montrant que des moutons ayant reçu des vaccins adjuvantés à l’aluminium ont développé des comportements pseudo-autistiques. L’aluminium a été retiré des vaccins pour chiens et chats. Les bébés humains n’ont pas fait l’objet des mêmes égards.

Les vaccins contiennent d’autres substances perturbantes, comme le phénoxyéthanol, le formaldéhyde, les antibiotiques et les tensioactifs (substances chimiques liposolubles dans les graisses et les solvants également utilisées dans les lessives et les cosmétiques). Ils sont administrés après huit semaines de vie, alors que le système immunitaire du bébé est en pleine construction.

Vous révélez que le paracétamol (Doliprane) est un perturbateur endocrinien capable, lui aussi, de compromettre le développement fœtal ! Votre ouvrage incrimine plus largement la chimie médicamenteuse, grande toxique hormonale, elle aussi dérivée de la pétrochimie.

Le paracétamol est un perturbateur endocrinien avéré. C’est une autre réalité honteusement passée sous silence. De nombreuses études arrivent aux mêmes conclusions : les petits garçons dont les mères ont consommé des comprimés de paracétamol pendant la grossesse souffrent d’une perturbation hormonale qui se traduit par plusieurs dysfonctionnements dans leur système de reproduction, et en particulier la non-descente des testicules dans les bourses (cryptorchidie). L’équipe de Bernard Jégou[4] à Rennes a démontré cette capacité de perturbation aussi bien avec le paracétamol qu’avec l’aspirine ou d’autres antidouleurs. D’autres substances chimiques, comme le DDT et les phtalates, sont aussi associées à une augmentation du risque de cryptorchidie.

Si les femmes enceintes savaient que des cachets de paracétamol peuvent avoir des effets hormonaux féminisants sur leur fœtus, elles éviteraient sans doute de les prendre ! Pourtant, 76% des femmes enceintes françaises s’empoisonnent régulièrement sans le savoir et sans mesurer les conséquences de la prise de ces antidouleurs. Cette consommation, même ponctuelle, est particulièrement risquée pour le fœtus au moment de sa différenciation sexuelle, durant les deux premiers trimestres de grossesse. La phase néonatale est elle aussi critique pour le futur développement sexuel.

Dérivés du benzène et risque de cryptorchidie chez le petit garçon. Source Le Grand Désordre Hormonal (illust. Laurent Lalo)

“Quand les hommes ont les seins qui poussent”… Dans ce chapitre, la liste des médicaments hormonaux toxiques s’allonge ! Peut-on en citer quelques-uns à défaut de pouvoir tous les mentionner ici tant ils sont nombreux ?

Le symptôme porte le nom de « gynécomastie », composé à partir des racines grecques gyneco, qui veut dire « femme », et mastos, qui signifie « mamelle » – des « mâles à mamelles » en quelque sorte.  Dans 25 % des cas, les médicaments sont la cause de ce dérèglement. Il ne faut pas perdre de vue qu’ils ont aussi un effet perturbant possible sur leur prostate et peuvent également affecter le système hormonal des femmes. Dans 25 % des cas la cause n’a pas été identifiée et peut venir de perturbateurs endocriniens cachés dans les objets en plastique du quotidien, les cosmétiques, les pesticides, ainsi que dans l’eau de boisson et la nourriture.

Les classes de médicaments concernées sont aussi parmi les plus consommées. Ce sont les anticholestérols, aussi appelés « statines », les diurétiques (médicaments cardiovasculaires prescrits contre l’hypertension artérielle), les psychotropes (neuroleptiques, antidépresseurs, anxiolytiques, etc.), les antiulcéreux utilisés contre les ulcères de l’estomac et les reflux gastro-œsophagiens, les anticalvities et les antigoutteux, les antirétroviraux utilisés contre le VIH.

J’invite le lecteur à se référer au livre pour savoir si son médicament de routine n’est pas un toxique hormonal susceptible d’affaiblir à la fois son système nerveux et son système immunitaire, le rendant ainsi plus vulnérable aux maladies infectieuses.

Les principales classes de médicaments impliqués dans la gynécomastie d’après le nombre de cas signalés à la pharmacovigilance. Source Le Grand Désordre Hormonal (illust. Laurent Lalo)

Ce que vous décrivez n’est ni plus ni moins que la diminution généralisée de notre résistance immunitaire. Les hormonaux toxiques, sont-ils un facteur aggravant des épidémies infectieuses ?

On sait que les maladies infectieuses se développent plus facilement chez des personnes plus fortement imprégnées de produits chimiques : elles fabriquent moins d’anticorps pour se défendre contre les intrus, virus et bactéries. Une étude récente réalisée au Danemark durant la pandémie de coronavirus a montré que les personnes le plus sévèrement touchées par la Covid sont celles qui ont les plus hautes concentrations en perfluorés dans le sang.

« Il y a bien un lien entre l’imprégnation chimique de la population et la sévérité de la Covid », affirme Philippe Grandjean, l’un des auteurs de l’étude. Et cela indépendamment des autres facteurs – âge, sexe ou comorbidités. Cela expliquerait aussi pourquoi certaines régions présentant une pollution atmosphérique très forte sont aussi celles qui ont été le plus touchées par le virus : la région de Wuhan, en Chine, la Lombardie, en Italie, l’Alsace et l’Île-de-France, en France. Cela expliquerait aussi pourquoi les personnes âgées, qui sont celles qui consomment le plus de médicaments au quotidien, sont aussi les plus exposées à un Covid sévère.

Une chose est sûre, la prescription de paracétamol aurait dû être contre-indiquée voire interdite. La recommandation « Prenez un Doliprane et restez chez vous », est une aberration inexcusable de la part d’autorités sanitaires censées fonder leurs avis sur l’état actuel de la science…

Il faut accorder aussi une mention spéciale aux gels hydroalcooliques : ils détruisent la flore bactérienne, qui nous protège des agents pathogènes et des produits toxiques comme le bisphénol A. Il faut également mentionner les masques jetables en plastique, qui sont constitués de polypropylène a priori non dangereux, sauf s’il contient des additifs comme les retardateurs de flamme aux paraffines chlorées, qui ont un effet oestrogénique. Ces masques peuvent aussi comporter des nanoparticules de graphène, une matière dangereuse pour la santé.

Vous émettez aussi des critiques sur l’aspect potentiellement hormonotoxique des vaccins à ARN synthétiques…

Que ces vaccins soient aujourd’hui administrés aux femmes enceintes me stupéfie. Indépendamment du fait qu’ils sont expérimentaux et donc impropres par définition à la vaccination de masse, ils contiennent de l’ARN entièrement synthétique dont on ne connaît rien des « secrets de fabrication ». Les nanoparticules sont potentiellement dangereuses pour le système reproducteur. Le vaccin contient par ailleurs de la trométhamine, une substance capable d’inhiber des enzymes essentielles de l’organisme qui comportent des ions métalliques comme le zinc ou le magnésium et qui ont un effet protecteur contre l’inflammation, la cataracte, le cancer, le VIH, les kystes, les déséquilibres des phospholipides et la leucémie. Ces enzymes ont également un rôle clé dans le maintien de l’équilibre hormonal. Ces vaccins contiennent aussi du cholestérol qui sert de base à la construction des hormones sexuelles et du cortisol, l’hormone du stress. N’y a-t-il pas un risque de lier le cholestérol à une substance contre laquelle le système immunitaire va apprendre à faire la guerre ?

Votre livre révèle toute l’ampleur du drame actuel de l’infertilité masculine. L’une des causes serait l’exposition du fœtus aux perturbateurs endocriniens…

Nous savons aujourd’hui que les phtalates détériorent les cellules germinales du fœtus humain et donc ses futurs spermatozoïdes. Le Pr René Habert du Commissariat à l’énergie atomique, chercheur à l’Inserm et professeur à l’université Paris-Diderot, a apporté la démonstration de la toxicité des phtalates sur le fœtus humain grâce à la mise au point d’une technique innovante pour observer presque en temps réel les effets des perturbateurs chimiques sur des cellules humaines de testicule. Les cellules germinales (les précurseurs des spermatozoïdes) contenues dans les testicules qui ont été en contact avec les phtalates ont vu leur nombre diminuer de 40 % en seulement trois jours. Les cellules témoins sont restées vivantes à 100 %. Cette dégradation est due au fait que les cellules germinales se sont autodétruites…

La baisse constante du taux de testostérone (étude américaine sur 1300 hommes, Travison et al. 2007).

L’expérience menée par l’équipe du Pr Habert a également permis de constater que les phtalates ont réduit de 50 % une hormone fondamentale du fœtus mâle, l’hormone antimüllérienne. Celle-ci a pour fonction de neutraliser les hormones femelles et ainsi d’empêcher que le mâle se féminise. Ces travaux explique pourquoi les perturbateurs endocriniens détériore la différenciation sexuelle au stade fœtal et peuvent provoquer la naissance de bébés intersexes. Ces différences biologiques des organes génitaux s’accompagnent également de modifications du comportement sexuel à l’âge adulte. Le même phénomène avait déjà été observé lors d’expérimentations animales : chez les ibis mâles contaminés au mercure ou chez les goelands femelles exposées dans l’œuf au pesticide DDT. Ces espèces ont développé une homosexualité « réactionnelle ». Tout porte à croire que l’imprégnation chimique de l’embryon humain conditionne aussi grandement sa future orientation sexuelle.

À gauche, les ibis non contaminés forment des couples hétérosexuels avec les femelles. Pendant la parade nuptiale et la construction
du nid, leur taux de testostérone est maximal, puis il baisse pendant la couvaison. À droite, les mâles des groupes contaminés se mettent plus souvent en couples homosexuels. Pendant la parade et la construction du nid, leur taux de testostérone est inférieur à celui des mâles non contaminés, mais pendant la couvaison leur taux de testostérone est supérieur. Illustr. Laurent Lalo.

L’augmentation des malformations génitales masculines est donc la suite de l’histoire des poissons féminisés dont tout le monde a entendu parler ?

Les malformations génitales féminisantes augmentent : cryptorchidie (non-descente des testicules), hypospadias (mauvais placement du méat urinaire), micropénis et réduction de la distance ano-génitale (DAG). Tous ces troubles ont été rassemblés au sein du « syndrome de dysgénésie testiculaire » (SDT), appellation proposée par le Danois Niels Skakkebaek qui, dès 1992, a montré que les mâles humains, comme les mâles de la faune sauvage, se dévirilisent.

Malheureusement, cette progression inquiétante est dissimulée par Santé Publique France qui ne voit toujours pas d’augmentation d’hypospadias dans sa publication de 2018[5].

Quand le pénis est mal formé à la naissance : l’hypospadias minimisé par Santé Publique France (Source Le Grand Désordre Hormonal). A gauche, la courbe de l’Inserm : l’institut de recherche reprend les données des registres des malformations et de l’Institut européen des génomutations. Elle montre un quadruplement des hypospadias en vingt ans et un taux de 12 ‰ en 2001. À droite, la version « idéale et tronquée » vue par Santé publique France. L’incidence des hypospadias est 12 fois moindre et reste muette sur la forte augmentation depuis les années 1970.

Les polluants toxiques altèrent les trois vagues de production de testostérone du mâle humain : la première durant la vie fœtale, à partir de la huitième semaine de conception, la deuxième juste après la naissance, avec ce qu’on appelle la « minipuberté », et la troisième à la puberté. Chaque vague correspond à une prolifération des cellules de Leydig.[6] La vague la plus décisive est bien sûr la première, car elle préside à la différenciation des organes génitaux internes et à la masculinisation des organes génitaux externes.

Au cours de la vie adulte, l’exposition chronique aux perturbateurs hormonaux va aggraver le problème de fertilité masculine. Les taux de testostérone moyens chutent au rythme de 1 % par an depuis les années 1980[7]. La concentration moyenne de spermatozoïdes a baissé de 70 % depuis l’après-guerre. Désormais, un quart des couples français souffre d’infertilité et doivent avoir recours à une assistance médicale, à grand renfort d’hormones de synthèse pour les femmes hypofertiles…

Du côté des femmes, vous révélez que l’épidémie de puberté précoce est aussi directement liée aux toxiques hormonaux !

En France, le phénomène des pubertés très précoces s’est accentué dans les deux dernières décennies. Des médecins comme le Pr Sultan, du service endocrinologie pédiatrique au CHU de Montpellier, ont lancé l’alerte dès les années 2000 lorsqu’ils ont vu leur nombre doubler en quelques années et leur gravité s’accentuer, avec des règles apparaissant même chez des bébés de 6 mois ! Avec vingt ans de retard, Santé publique France a fini par reconnaître le rôle des toxiques hormonaux chimiques. Charles Sultan n’a quant à lui aucun doute sur l’implication des polluants chimiques dans la puberté précoce chez les filles, car il a observé son apparition en même temps que les malformations génitales chez les petits garçons.

Dès 1985, une importante étude réalisée à Porto Rico après une épidémie de pubertés très précoces avait montré qu’elle était due à la consommation de poulets et bœufs aux hormones. Ces hormones n’étaient autres que le tristement célèbre Distilbène et un apparenté, le Zeranol. Les fillettes portoricaines connaissaient parfois des pubertés dès l’âge de 1 an, et leurs ovaires devenaient polykystiques, exactement comme ceux des femelles alligators et poissons contaminés aux hormonotoxiques. La moitié des fillettes portoricaines a dû, par la suite, subir des opérations chirurgicales pour retirer les kystes qui s’étaient développés sur leurs ovaires.

À gauche, un follicule normal, chez les femelles crocodiles alligator des lacs non pollués. À droite, un follicule mal formé, chez les femelles du lac pollué. Cette malformation est similaire chez les femmes présentant le syndrome des ovaires polykystiques.

Autre révélation pour le grand public, le syndrome des ovaires polykystiques et l’endométriose, deux fléaux émergeants, pourraient donc aussi être programmés bien avant la puberté ?

Pour les femmes, le “syndrome de dysgénésie ovarienne” est très probablement l’équivalent du syndrome de dysgénésie testiculaire des hommes, mais il n’est pas aussi « établi » que sa version masculine. Pourtant, ces dernières décennies, plusieurs dérèglements observés chez les animaux femelles exposée in utero à des toxiques hormonaux ressemblent étrangement à ce que vivent aujourd’hui des millions de femmes dans le monde.

Ce nouveau syndrome féminin rassemble : la puberté précoce, les règles irrégulières et très douloureuses, les ovaires polykystiques, l’excès de testostérone et l’hirsutisme, l’endométriose et les cancers (ovaires, utérus, seins). Lorsqu’on les examine un à un, ils peuvent tous être reliés à des perturbateurs chimiques environnementaux et associés à une origine fœtale possible. Entre 10 à 15 % des femmes âgées de 15 à 40 ans souffrent, à des degrés divers, du syndrome des ovaires polykystiques, un syndrome pourtant quasiment inexistant il y a une cinquantaine d’années. De même pour l’endométriose, qui touche aujourd’hui 10 % des femmes.

La piste de l’origine fœtale de l’endométriose s’est consolidée avec les découvertes des Italiens Pietro Signorile et Alfonso Baldi, qui ont consacré plus de vingt années de leur carrière de chirurgiens et de biologistes à soigner les patientes atteintes d’endométriose. Ils estiment qu’elle est causée par la migration anormale de cellules primitives de l’endomètre en dehors de la cavité utérine pendant la formation des organes de l’embryon. Ces tissus resteraient « silencieux » pendant l’enfance et se réveilleraient avec l’imprégnation hormonale de la puberté, entraînant le début de l’endométriose. La fertilité des femmes est clairement en péril, d’autant plus que les troubles de la fertilité peuvent se transmettre de génération en génération, comme l’a montré l’affaire du distilbène.

Toute la population est désormais contaminée. Plus personne n’échappe à l’imprégnation des toxiques hormonaux.

Aujourd’hui, le bisphénol A imprègne l’organisme de 100 % de la population en France, pour ne citer qu’un exemple. Mais c’est toute la nature qui est contaminée.  « Le grand désordre hormonal » touche tous les êtres vivants. Depuis plusieurs décennies les scientifiques documentent les dégâts sur les insectes, les batraciens, les oiseaux, dans le silence assourdissant des autorités sanitaires… Dès 1960, Rachel Carson nous prévenait dans son livre « Printemps silencieux » : l’homme, en tant qu’espèce vivante, ne pourra pas échapper à cette pollution.

Il aura fallu attendre près de trente années après la disparition de Rachel Carson pour que les effets délétères des produits chimiques qu’elle a observés soient baptisés « perturbation endocrinienne ». Lors de la « Déclaration de Wingspread », en 1991, un groupe de scientifique alerte sur la contamination hormonale de toute la chaîne du vivant, dont font partie les humains.

Depuis, le constat est encore plus alarmant. On sait que ces poisons ont une courbe de toxicité en U : ils peuvent avoir une toxicité forte alors que la dose est faible, puis une toxicité faible alors que la dose a augmenté, et connaître de nouveau une toxicité à la hausse avec une dose plus élevée. Toute notre toxicologie, basé sur des seuils limite, est complètement archaïque, d’autant plus qu’elle ne prend pas en considération l’effet cocktail. Elle n’a pas non plus encore intégré l’importance de la fenêtre d’exposition, par exemple au stade fœtal, où ces toxiques font des dégâts définitifs.

La “6e extinction de masse”, évoquée par certaines de vos sources scientifiques, est-elle inéluctable ? L’humain pourra-t-il encore procréer naturellement dans le futur ?

Si rien n’est fait, nous filons tout droit vers l’infertilité de masse. La reproduction sexuée, telle qu’on la conçoit de nos jours, risque de disparaître au profit de techniques artificielles. « Le Meilleur des Mondes »[8] se profile à l’horizon… La fin de l’espèce humaine est programmée si nous ne réagissons pas dès maintenant. La seule solution, pour éviter ce pire scénario, est d’interdire et de retirer du marché TOUS ces produits toxiques. Il faut absolument revenir à une agriculture biologique et à une médecine naturelle, non polluante. La science et la technique aux mains des lobbys industriels veulent nous faire croire que nous pourrons résoudre les problèmes (qu’elles ont elles-mêmes créés) par une fuite en avant vers le nouvel “homme augmenté”. Mais, avant de penser à augmenter l’humain, ne faudrait-il pas d’abord arrêter de le diminuer !?

Un vaccin pour castrer les porcs signé Pfizer

Les propriétés stérilisantes des hormones de synthèse sont connues depuis leur création. Administrées par voie orale, elles sont qualifiées de contraceptifs. La recherche d’un vaccin stérilisant n’est pas nouvelle et celle-ci a fini par être autorisée dans le secteur de l’élevage. C’est le laboratoire Pfizer qui est propriétaire de cette technologie (après le rachat d’un laboratoire australien en 2004). Le vaccin injecte dans l’organisme du cochon une copie de l’hormone de l’hypothalamus dédiée à la reproduction, la GnRH. Celle-ci est couplée à la toxine diphtérique pour provoquer la contre-attaque du système immunitaire contre la GnRH naturelle de l’animal. « Il s’agit de la création ex nihilo d’une maladie auto-immune contre les hormones de l’organisme, explique Corinne Lalo. Quand les porcelets n’ont pas été castrés à la naissance, les adultes sont chimiquement castrés en deux fois, onze semaines et quatre semaines avant l’abattoir. Quels résidus possibles le produit laisse-t-il dans les graisses ? Quelles sont les conséquences pour le consommateur ? Mystère. Ce « vaccin hormonal » peut de plus servir de modèle de « vaccin contraceptif » ou de vaccin stérilisant. Des essais sur des chiens en Équateur ont montré qu’il pouvait très bien être utilisé pour stériliser une population choisie ».

Recommandations antihormonotoxiques

Privilégier : l’alimentation bio, les biberons en verre, les ustensiles de cuisine en bois ou métal, des cosmétiques simples et naturels, pas de lingettes, une literie non traitée, des vêtements non traités, des meubles en bois massif et non traités (pas d’agglomérés), des sols autres qu’en plastique, etc.

Éviter autant que possible : les ustensiles de cuisine en plastique (pas de cuit-tout spécial bébé en plastique), le micro-ondes, les médicaments hormonoperturbants comme le paracétamol et certains antibiotiques, les lingettes, les produits qui commencent par « anti » : anti-adhésif, anti-tâche, anti-UV, anti-insectes …


[1] « Le Krach du sperme. Comment l’industrie chimique nous rend stériles », L’Archipel, 2010.

[2] Les têtards fluo exposés au même cocktail chimique que les femmes enceintes ont vu le nombre de leurs neurones baisser. La signalisation des hormones en a été affectée, et le comportement des têtards modifié.

[3] Ce sont les résultats d’une étude réalisée en 2004 par une ONG américaine sur dix bébés californiens.

[4] S. Mazaud-Guittot… et B. Jégou, « Paracetamol, Aspirin, and Indomethacin Induce Endocrine Disturbances in the Human Fetal Testis Capable of Interfering With Testicular Descent », The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, 98 (11), novembre 2013.

[5] Santé reproductive et perturbateurs endocriniens, BEH 22‑23 – 3 juillet 2018

[6] Situées dans les testicules, elles sont responsables de la sécrétion de près de 95% de la testostérone.

[7] Voir le livre de l’épidémiologiste Shanna H. Swan « Compte à rebours – Nos enfants seront-ils tous stériles en 2050 ? », Edition Marco Pietteur, 15 septembre 2021.

[8] Livre d’anticipation d’Aldous Huxley, écrit en 1931. Les êtres humains sont tous créés en laboratoire, les fœtus y évoluent dans des flacons…

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Un commentaire sur “Ces épidémies bien plus graves liées aux perturbateurs endocriniens. L’enquête choc de Corinne Lalo”

  1. koschmann dit :

    merci pour cet article très intéressant et votre investissement pour le bien de vos prochains. Je vous souhaite une bonne continuité dans votre ligne de vie et une année 2022 pleine de joies et de bonheur.

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